Argumenter les indications, les contre-indications et les risques d’une anesthésie générale
Préciser
les obligations réglementaires à respecter avant et après une
anesthésie (consultation et visite pré anesthésiques, passage en salle
de surveillance interventionnelle.
L'anesthésie générale a pour objectif de
permettre la réalisation d'actes douloureux (chirurgie) ou désagréables
(endoscopies). Elle consiste en une perte de conscience pharmacologique
qui :
• évite au malade de sentir la douleur et de se souvenir de l'acte
•
évite (ou limite) les réactions neuro-endocriniennes réflexes à la
douleur opératoire : activation sympathique, hypersecrétion d'ADH,
cortisol, aldostérone, etc…
• entraîne un relâchement musculaire suffisant pour permettre la réalisation de l'acte chirurgical.
Pour atteindre cet objectif, on utilise plusieurs médicaments :
•
un anesthésique général administré par voie intraveineuse (barbiturique
type thiopental ou non barbiturique comme le propofol, l'étomidate, la
kétamine) ou par inhalation (protoxyde d'azote, halogénés comme
l'halothane, l'isoflurane, le desflurane, le sévoflurane).
• un
analgésique central dérivé de la morphine : fentanyl, alfentanil,
sufentanil, rémifentanil. Cet analgésique est utilisé pour diminuer la
stimulation douloureuse.
• éventuellement un curare pour accentuer le
relâchement musculaire, ou une benzodiazépine pour potentialiser les
autres agents d'induction et ainsi réduire leur posologie.
INDICATIONS :
Les
indications de l'anesthésie générale sont donc représentées par tous
les actes dont le caractère douloureux ou désagréable les rend
insupportables chez le sujet conscient. Ceci est assez clair pour les
actes de chirurgie profonde mais peut être discutable pour certains
actes peu douloureux. On arrive alors à la frontière de l'indispensable
et du confort. Il est cependant sûr que les indications de l'anesthésie
générale sont plus larges qu'autrefois et plus larges dans les pays à
fort développement économique. La notion d'anesthésie de confort ressort
donc de ces considérations. Les indications de l'anesthésie générale
peuvent aussi être opposées à l'anesthésie locorégionale. En premier, le
refus du patient des techniques d'anesthésie locorégionale est une
indication de l'anesthésie générale. Dans les autres situations, les
indications respectives des deux types de techniques dépendent du site
opératoire, de sa durée, des habitudes de l'équipe.
CONTRE-INDICATIONS :
Il
n'y a pratiquement pas de contre indication absolue à l'anesthésie
générale et en cette matière tout doit s'évaluer en termes de rapport
bénéfices/risques.
Les risques de l'anesthésie générale ont beaucoup
diminué au cours des quinze dernières années grâce à l'introduction de
molécules plus maniables, de plus courte durée d'action, (diminuant
ainsi les risques d'effets rémanents) et ayant moins d'effets
indésirables :
• grâce à une meilleure évaluation préopératoire au cours de la consultation d'anesthésie
• grâce à une meilleure prise en charge peropératoire (réchauffement)
•
grâce à une meilleure surveillance peropératoire par le développement
du monitorage (cardioscope, pression artérielle automatisée, mesure de
la saturation pulsée en oxygène, mesure du CO2 expiré, surveillance
hémodynamique)
• grâce à une meilleure surveillance postopératoire en
salle de surveillance post-interventionnelle (SSPI), appelé encore
Salle de Réveil.
Cependant l'anesthésie générale n'est pas exempte d'effets indésirables habituellement bien tolérés :
Vasoplégie
par dépression du baroréflexe. Il en découle une hypotension modérée
mais pouvant être majeure en cas de situation d'hypovolémie,
d'insuffisance cardiaque ou de surdosage
Dépression
respiratoire centrale (morphinomimétiques et à un moindre degré
anesthésiques généraux) ou périphérique (curares). Cet effet dépresseur
est contrôlé par ventilation artificielle en peropératoire mais dès lors
le risque est déplacé dans la phase postopératoire par effet résiduel
de l'anesthésie générale. La SSPI et le monitorage de la SpO2 sont pour
cela particulièrement utiles. Le risque respiratoire est bien sûr plus
important pour les insuffisants respiratoires qui ont besoin d'une forte
activité de leurs centres respiratoires pour avoir une ventilation
correcte. Les effets résiduels des médicaments deviennent un véritable
problème pour ces patients. C'est dans ces cas que certains prônent les
techniques d'anesthésie locorégionale mais celles-ci ont parfois des
effets respiratoires périphériques par diminution de la force musculaire
des muscles respiratoires ou par dépression de certains réflexes :
toux, soupirs, etc…
Dépression
du tonus des muscles des voies aériennes supérieures (anesthésiques
généraux, benzodiazépines, morphiniques, curares). Le risque est alors
l'apnée obstructive pouvant, en l'absence de traitement immédiat, être
mortelle
Difficultés d'intubation trachéale avec hypoxémie alors que le patient a une dépression respiratoire liée à l'anesthésie.
Inhalation de liquide digestif par dépression des réflexes protecteurs
des voies aériennes lors de l'induction anesthésique ou pendant la phase
de réveil
Choc anaphylactique. Ce risque s'observe plus particulièrement avec les
curares mais peut aussi être observé avec les anesthésiques généraux et
avec le latex (gants, ballon, masque, tuyau de ventilation, etc…). Le
tableau consiste en une profonde hypotension, avec érythème généralisé,
éventuellement un bronchospasme pouvant avoir des conséquences graves
voire mortelles.
Hormis ces complications menaçant le pronostic
vital, diverses complications plus ou moins graves peuvent être
observées : ischémie myocardique, accident vasculaire cérébral à
l'occasion d'une poussée hypertensive (hémorragie) ou hypotensive
(ischémie), atteinte des nerfs périphériques, nausées, vomissements
parfois très désagréables, douleurs laryngées post intubation, troubles
mnésiques.
Ainsi, si en cas d'anévrysme rompu de l'aorte abdominale
il n'est pas question de contre indication de l'anesthésie générale,
l'utilité de celle-ci peut être discutée en cas de terrain à risques
pour un acte peu douloureux ou non indispensable.
Le terrain joue
donc un grand rôle et il est convenu pour évaluer globalement ce risque
d'utiliser la classification ASA (American Society of Anesthesiologists)
qui a le mérite d'être simple:
• ASA 1 : pas de pathologie notable
• ASA 2 :
présence d'une pathologie n'entravant pas la vie courante (par exemple
hypertension artérielle contrôlée par le traitement)
• ASA 3 : présence d'une pathologie entravant la vie courante (par exemple angor d'effort)
• ASA 4 : pathologie entravant gravement la vie courante (par exemple grand insuffisant respiratoire)
• ASA 5 : patient moribond (par exemple anévrysme de l'aorte rompu avec collapsus cardio-vasculaire).
OBLIGATIONS :
Les obligations avant une anesthésie générale sont maintenant réglementées par un décret (5/12/94). Celui-ci impose :
1) Une consultation préanesthésique qui doit avoir lieu plusieurs jours avant l'intervention
2) Une visite préanesthésique qui doit avoir lieu dans les heures précédant l'intervention
3)
Un établissement conjoint du tableau opératoire entre les différents
acteurs : chirurgiens, anesthésistes, cadres paramédicaux
4) Un
monitorage minimum : électrocardioscope, pression artérielle non
invasive automatisée, FiO2, SpO2, pression respiratoire, spiromètre,
concentration en CO2 expiré
5) La surveillance post-interventionnelle
dans une salle spécialiée (SSPI) avec monitorage du tracé ECG, de la
SpO2, de la pression artérielle, matériel de ventilation et de
réchauffement en sus du matériel d'urgence.
Ces règles sont bien sûr
des minima et le progrès médical et technologique a introduit depuis
d'autres surveillances qui sont devenues des standards.
Une exception
à la consultation d’anesthésie : l’urgence vitale. Ainsi, en cas d’état
de choc hémorragique, de péritonite ou d’autres urgences vitales,
l’anesthésie générale est pratiquée après avoir posé, si possible,
quelques questions qui peuvent modifier la manière avec laquelle
l’anesthésie générale va avoir lieu.
Ces questions sont pricipalement :
• Dernière ingestion de boisson, d’aliments ou dernière cigarette.
• Allergie
• Antécédents d’anesthésie générale.
Il
est de bonne pratique d’administrer un médicament per os faisant
augmenter le pH gastrique (Tagamet® ou Azantac®) en prévision d’une
possible inhalation de liquide gastrique.
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